Elle me regardait du fond de l’atelier. Comme l’élève qui lève la main en classe mais qu’on ne choisit jamais.
– Moi ! Moi ! S.v.p… !
C’est vrai qu’elle était en super condition et que tous les tiroirs ouvraient et fermaient hyper bien malgré l’usure du temps. Comme mon chum l’a depuis son enfance, elle est un peu comme de la famille et la famille ben … on peut pas jeter ça !
Au premier regard, ce sont vraiment les petites poignées noires qui dérangeaient mon œil. Elles allaient partir pour sûr ! Parfois, juste changer les poignées d’un meuble ou d’une armoire peut transformer le look en entier. J’ai tout de suite pensé à de petites poignées transparentes qui donnent un style plus féminin, comme celles que l’on voit parfois sur une coiffeuse. J’ai toujours aimé ce type de meuble. Les pattes courbées, les multiples grandeurs de tiroirs, le rembourrage dodu du petit banc, la dorure et les fioritures rococo sont le synonyme suprême de l’élégance féminine… dit la fille qui ne se maquille pratiquement jamais ! Et j’avoue que si tu as l’espace pour ce type de meuble dans ta chambre à coucher, je t’envie de toute façon !
De là est partie l’idée pour le relooking de la commode six tiroirs 1982. Chaque tiroir aurait un look distinctif et unique. Le papier est à mon sens le matériel qui offre le plus de choix et qui est le moins cher. On peut le manipuler facilement et lui donner la forme que l’on veut. J’ai choisi des motifs de filles ! Plumes, fleurs, motifs style léopard pastel et un motif vieux journaux pour le côté intello nostalgique. J’ai découpé puis collé sur chaque tiroirs en laissant dépasser un demi-pouce tout autour de celui-ci pour que l’on puisse voir un bout du tiroir comme pour imiter un cadre.
Pour le corps, c’était évident qu’il serait blanc. Mais de style vieillot ; un genre de faux fini bois usé. Comme les trucs qui se vendent dans les belles boutiques de bord de mer. Ça aussi, j’adore ce décor. Amène-moi à ton beachhouse please ! Dans un beachhouse, y’a pas de poussière juste des grains de sable un peu partout. Il n’y a pas d’heure non plus, le temps n’existe plus. Les souliers sont aussi défendus. Ça sent la mer du matin au soir et il y a toujours une légère brise… Ok bon, je m’éloigne mais tu comprends ce que je veux dire ! Et puis, je ne calcule plus le nombre d’objets coup de cœur que j’ai ramené d’Ogunquit qui finalement fittaient pas pantoute dans mon appart de Rosemont ! Alors, blanc mais style bois antique classy.
Ma première étape a été de sabler légèrement tout le meuble pour le rendre poreux et être certaine que l’apprêt adhère bien. J’utilise le BULLEYE’S 1-2-3 de la marque ZINSSER. C’est un apprêt à base d’eau conçu pour adhérer à toutes les surfaces. Bon, là tu vas me dire que j’aurais pu sauver cette étape en utilisant de la peinture à la craie au pouvoir très couvrant. Peut-être, mais moi j’aime cette étape. Je fais le tour du meuble, je regarde chaque aspérité ; je l’apprivoise et ça me permet de penser à mon concept. Bref, je flirte avec lui… Donc lorsque l’apprêt est sec, j’applique une couche de peinture blanche mate. Je laisse sécher ensuite, c’est là que le fun commence ! Au diable les pinceaux ! J’aime travailler avec des guenilles. Oui, des bonnes vieilles guenilles ; comme monsieur Miyagi, lustrer, frotter !
J’applique une première couche mince de gris et je laisse sécher ; ensuite je dilue avec un peu d’eau mon gris et je réapplique avec une guenille ou un petit pinceau pour imiter les stries du bois.
Ensuite, j’attends qu’elle soit bien sèche et j’applique une couche de vernis à base d’eau. Ici j’ai utilisé le VARATHANE, fini satiné. Le look final me plaît bien ; féminin et classy mais quand même accessible ! Pas trop snob, tsé… Elle est relativement passe-partout. Elle pourrait très bien habiter définitivement dans mon atelier ou dans la chambre de ma fille. Contente d’avoir restauré cette commode pour qu’elle puisse suivre notre famille encore plusieurs années.